Citations

« La critique souvent n'est pas une science ; c'est un métier, où il faut plus de santé que d'esprit, plus de travail que de capacité, plus d'habitude que de génie. »
La Bruyère, Les Caractères.

« Le métier des lettres est tout de même le seul où l'on puisse sans ridicule ne pas gagner d’argent. »
Jules Renard, Journal.

« Ne cherchez pas le passé, ne cherchez pas le futur ; le passé est évanoui, le futur n'est pas encore advenu. Mais observez ici cet objet qui est maintenant. Soyez à vous-mêmes votre propre flambeau et votre propre refuge, ne cherchez pas d'autre refuge, ne cherchez pas d'autre lumière. »
Bouddha

« La lecture d’un roman jette sur la vie une lumière. »
Louis Aragon, Blanche ou l’oubli, 1967.

« Il est beau d’être un grand écrivain, de tenir les hommes dans la poêle à frire de sa phrase et de les y faire sauter comme des marrons. »
Gustave Flaubert, Correspondance, lettre à Louise Colet, novembre 1859.

« Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c'est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient. »
Sénèque, Lettres à Lucilius.

« L’homme qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien. »
Épicure

« L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut. »
Martin Luther King, Wall Street Journal, 13 novembre 1962.

« La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l’écrivain. »
Julien Green, Journal.

« La haine tue toujours, l’amour ne meurt jamais. »
Gandhi, Ganesh.

« L’artiste doit aimer la vie et nous montrer qu’elle est belle. Sans lui, nous en douterions. »
Anatole France, Le jardin d’Épicure, 1894.

« Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie. »
Paul-Émile Victor

« Réaliser des esquisses revient à planter des graines pour faire pousser des tableaux.  »
Vincent Van Gogh

« Apprécie cet instant même, laisse se déverser le torrent du désespoir et prends la vie à bras le corps. »
Thich Nhat Hanh 

« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »
Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté.

« La bonne musique ne se trompe pas, et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore. »
Stendhal, Lettres sur Haydn, de Mozart et de Métastase.


« Ne vous souciez pas de n’être pas remarqué ; cherchez plutôt à faire quelque chose de remarquable. »
Confucius, Entretiens.

« Écrire un roman, c’est comme aller au fond d’un deuxième sous-sol très sombre dont vous ne connaissez pas l’issue. »
Haruki Murakami, Voir l'âme et l'écrire, Conférence en hommage à son ami, le psychologue Hayao Kawai (1928-2007).

« Les oiseaux ont disparu dans le ciel.
Le dernier nuage s’effiloche.
Nous restons là tous les deux, la montagne et moi, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la montagne. »
Li Po (701-762)

« Peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est  pas. »
Blaise Pascal, Pensées.


« C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup. »
Marguerite Duras, Écrire.

« Le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. »
Jean Cocteau, Le Coq et l’Arlequin, 1918.

« Le plus gros danger n’est pas de viser trop haut et de rater sa cible, mais de viser trop bas et de l’atteindre. »
Michel-Ange

« Si ton labeur est dur, et si tes résultats sont minces, rappelle-toi qu’un jour le grand chêne a été un gland comme toi. »
Jules Renard

« Se taire et écouter, pas un être sur cent n’en est capable, ne conçoit même ce que cela signifie. »
Samuel Beckett, Molloy, 1951.

« La poésie est une aventure vers l’absolu. On arrive plus ou moins proche, on emprunte tel ou tel chemin : c’est tout. »
Pedro Salinas

« Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d’un mot ? »
Honoré de Balzac, Louis Lambert.

« C’est pour tout comprendre mais ne s’emparer de  rien qu’est venu en ce monde le poète. »
Sergueï Essenine (1896-1925)


« Une seule minute de réconciliation mérite mieux que toute une vie d’amitié. »
Gabriel García Márquez, Cent ans de solitude.

« Nous ne pouvons pas voir la montagne lorsque nous sommes au sommet. »
Taisen Deshimaru (1914-1982)

« Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde. »
Léon Tolstoï (1828-1910)

« Étourdissons-nous avec le bruit de la plume et buvons de l’encre. Ça grise mieux que le vin. »
Gustave Flaubert, Correspondance, à Ernest Feydeau, 15 juillet 1861.

« Je me promène dans les champs déserts, les canyons, les bois, mais de préférence près d’un torrent ou d’une rivière, car depuis l’enfance j’aime leur bruit. »
Jim Harrison, En marge, 2002.

« Dans le désert, vivre c’est avancer sans cesse. »
Théodore Monod,  Méharées, 1937.

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Sénèque

« Le savant n'est pas l'homme qui fournit les vraies réponses ; c'est celui qui pose les vraies questions. »
Claude Lévi-Strauss, Le Cru et le cuit (1964)

« La musique est la langue des émotions. »
Emmanuel Kant (1724-1804)

« Les chefs-d’œuvre ne sont jamais que des tentatives heureuses. Console-toi de ne pas faire de chefs-d’œuvre, pourvu que tu fasses des tentatives consciencieuses. »
George Sand, François le Champi, Avant-propos, 1848.

« Le monde que j’ai connu est passé : je ne suis plus que le dernier arbre d'une vieille futaie tombée, arbre que le temps a oublié d’abattre. »
François-René de Chateaubriand, Les Natchez.

« Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »
René Char, La Parole en archipel, 1962.

« Quand on ouvre la main, on peut tout obtenir. Si on la ferme, on ne peut rien recevoir. »
Taisen Deshimaru (1914-1982)

Le cœur de l'homme parfait est comme une mer dont on ne peut découvrir les lointains rivages.
Proverbe chinois

« L’écrivain original n’est pas celui qui n’imite personne, mais celui que personne ne peut imiter. »
François-René de Chateaubriand, Génie du christianisme, 1802.

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »
Bertolt Brecht (1898-1956)

« Je sens que lorsque je n’écris pas, une main inflexible me repousse hors de la vie. »
Franz Kafka, Lettre à Felice Bauer.

« Le poète choisit, élit, dans la masse du monde, ce qu'il lui faut préserver, chanter, sauver, et qui s'accorde à son chant. Et le rythme est force rituelle, aussi bien que levier de conscience. »
Édouard Glissant, L’intention poétique, 1969.

« Heurte
Heurte à jamais

Dans le leurre du seuil.

À la porte, scellée,
À la phrase, vide.
Dans le fer, n’éveillant
Que ces mots, le fer.

Dans le langage, noir.

Dans celui qui est là
Immobile, à veiller
À sa table, chargée
De signes, les lueurs. Et qui est appelé

Trois fois, mais ne se lève. »

Yves Bonnefoy, Dans le leurre du seuil, 1975.

« La pause, elle aussi, fait partie de la musique. »
Stefan Zweig, La confusion des sentiments, 1927.

« Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine. »
Louis Aragon, Journal du surréalisme.

« Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. »
François Mauriac, Hommage à Joseph Kessel, Bloc-notes.

« Ce n’est qu’au prix d’une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n’aura pas  chanté en vain. »
Arthur Rimbaud

« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. »
Marc Chagall (1887-1985)

« le plus important aux Jeux Olympiques n’est pas de gagner mais de participer, car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu ».
Pierre de Coubertin, 24 juillet 1908.

« Le plus grand arbre est né d’une graine menue ; une tour de neuf étages est partie d’une poignée de terre. »
Lao-Tseu

« Le vent se lève !… il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! »
Paul Valéry, Le Cimetière marin, 1920.

« Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux. »
Alain, Propos sur le bonheur, 1923.

« La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du monde ? »
Léopold Sédar Senghor, Éthiopiques, 1956.

« L’espionnage serait peut-être tolérable s’il pouvait être exercé par d’honnêtes gens ; mais l’infamie nécessaire de la personne peut  faire juger de l’infamie de la chose. »
Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748.

« La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être — s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots,  l’analyse des idées — la communication des âmes. »
Marcel Proust, La Prisonnière, 1923.

« La passion amoureuse ou un haut degré d'ambition ont, de tout temps, changé des gens raisonnables en fous qui déraisonnent. »
Emmanuel Kant, Essai sur les maladies de la tête.


« L’amour, c’est que tu sois pour moi le couteau avec lequel je fouille en moi. »
Franz Kafka, Lettres à Milena, 1952.

« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la  question fondamentale de la philosophie. »
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, 1942.

« Le temps perdu ne se rattrape pas ! En fait, il vit au plus profond de nous, et seuls quelques-uns de ses fragments, anesthésiés ou embaumés par une mémoire conceptuelle et intéressée, vivent dans la conscience et forment notre autobiographie. »
Pier Paolo Pasolini, Les Anges distraits.


« Ils savaient maintenant que s’il est une chose qu’on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois,  c’est la tendresse humaine. »
Albert Camus, La Peste, 1947.

« Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer pendant des heures personne, c'est à cela qu'il faut parvenir. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, 1929.

« La vie n'est pas celle qu'on a vécue, mais celle dont on se souvient et comment on s'en souvient pour la raconter. »
Gabriel García Márquez, Vivre pour la raconter.


« Le cœur humain ne peut contenir qu’une certaine quantité de désespoir. Quand l’éponge est imbibée, la mer peut passer dessus sans y faire entrer une larme de plus. »
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831.

« Le plus grand poète n'est pas celui qui a le mieux fait : c'est celui qui suggère le plus, celui dont on ne sait pas bien d'abord tout ce qu'il a voulu dire et exprimer, et qui vous laisse beaucoup à désirer, à expliquer, à étudier, beaucoup à achever à votre tour. »
Sainte-Beuve, Port-Royal, Appendice au livre VI, Sur Racine.

« Les hommes se pressent vers la lumière, non pour mieux voir, mais pour mieux briller. On considère volontiers comme une lumière celui devant qui l’on brille. »
Friedrich Whilhelm Nietzsche, Œuvres complètes.

Lorsque la chance nous sourit, nous rencontrons des amis ; lorsqu'elle est contre nous, une jolie femme.
Proverbe chinois

« Les héros sont ceux qui magnifient une vie qu’ils ne peuvent plus supporter. »
Jean Giraudoux, Pour Lucrèce, 1953.

« Le monde est un endroit magnifique pour lequel il vaut la peine de se battre. »
Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas, 1940.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »
Isaac Newton

« Notre vie est un livre qui s’écrit tout seul. Nous sommes des personnages de roman qui ne comprennent pas toujours bien ce que veut l’auteur. »
Julien Green, Journal, 19 vol. (1919-1998).

« Lorsque le moment fatal fut arrivé, tous les assistants jetèrent des larmes et des cris. L’ingénu perdit l’usage de ses sens. Les âmes fortes ont des sentiments bien plus violents que les autres, quand elles sont tendres. »
Voltaire, L’Ingénu, 1767.

« Ô rompre les amarres
partir partir
Je ne suis pas de ceux qui restent
La maison le jardin tant aimés
Ne sont jamais derrière mais devant
Dans la splendide brume
Inconnue

Est-ce la terre qui s’éloigne
Ou l’horizon qui se rapproche
On ne saurait jamais dans ces grandes distances
Tenir la mesure
De ce qu’on perd ou ce qu’on gagne »

Anne Perrier, La Voie nomade, 1982-1986.

« Mais les mots, les simples mots ! Qu’ils étaient redoutables ! Qu’ils étaient clairs, aigus, et cruels ! On ne pouvait leur échapper. »
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1890.

« Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. »
Confucius

« Ma garce de vie s’est mise à danser devant mes yeux, et  j’ai compris que quoi qu’on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie. »
Jack Kerouac, Sur la route, 1957.

« Les racines de l'éducation sont amères, mais ses fruits sont doux. »
Aristote, Éthique à Nicomaque.

« Quoi de plus léger qu’une plume ? la poussière ; — de plus léger que la poussière ? le vent ; — De plus léger que le vent ? la femme ; — De plus léger que la femme ? rien. »
Alfred de Musset, La quenouille de Barberine, 1835.

« La conquête des femmes est la seule aventure exaltante dans la vie d’un homme. »
Guy de Maupassant, Confessions d’une femme, 1882.

« Il y a trois choses que j’ai beaucoup aimées sans rien y comprendre : la musique, la peinture et les femmes. »
Bernard Le Bouyer de Fontenelle, Du Bonheur, 1724.

« Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller. »
Jack Kerouac, Sur la  route, 1957.

« Celui qui ne peut pas vivre en société, ou qui n’a besoin de rien parce qu’il se suffit à lui-même, ne fait point partie de l’État ; c’est une brute ou un dieu. »
Aristote, Éthique à Nicomaque.

« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux. »
Jules Renard, Journal.

« De même que l'enfant doit vivre selon les commandements de son maître, de même notre faculté de désirer doit se conformer aux prescriptions de la raison. »
Aristote, Éthique à Nicomaque.

« En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux. »
Marc Aurèle (121 ap. J.-C. – 180 ap. J.-C.)

« Le parfum de l’âme, c’est le souvenir. C’est la partie la plus délicate, la plus suave du cœur, qui se détache pour embrasser un autre cœur et le suivre partout. L’affection d’un absent n’est plus qu’un parfum, mais qu’il est doux. »
George Sand, Lettres d’un voyageur, 1837.

« Le bonheur de demain n’existe pas. Le bonheur, c’est tout de suite ou jamais. Ce n’est pas réfléchir, dorer, organiser, capitonner la vie, mais savoir la goûter à tout instant. »
René Barjavel, Si j’étais Dieu, 1976.

« Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes. »
Simone Veil,  Une vie, 2007.

« Je n'appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l'être aussi. »
Alfred de Musset, Lorenzaccio, II, 2, 1834.

« Dans la vie de l'esprit comme dans la vie pratique, celui dont les connaissances tiennent progresse toujours et réussit. Celui, au contraire, piétine qui perd son temps à réapprendre ce qu'il a oublié. »
William James, Précis de psychologie, 1890.


« Le bonheur n'est pas de chercher le bonheur, mais d'éviter l'ennui. C'est faisable avec de l'entêtement. »
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 31 août 1846.


« Chacun brille d'un faux éclat aux yeux de quelque autre, chacun est envié pendant qu'il est lui-même envieux ; et si être heureux était un vice ou un ridicule, les hommes ne se le renverraient pas mieux les uns aux autres. »
Bernard Le Bouyer de Fontenelle, Du Bonheur, 1724.


À Jean, notre ami.

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix
(…)
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant

C'est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n'était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre
(…)
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
Louis Aragon, Les Yeux et la mémoire, chant II, 1954.    


À Michel & Johnny pour « Quelque chose de Tennessee ».

« Ce dont tu parles, c’est du désir bestial, simplement du désir, comme le nom de ce vieux tramway qui bringuebale à travers tout ce quartier, grimpant une petite rue étroite, dégringolant une autre. »
Tennessee Williams, Un tramway nommé Désir, prix Pulitzer 1948.

« La mort commence trop tôt. On ne connaît rien à la vie, et la voilà déjà ! Oh ! comprenez donc qu’il n’y a que l’amour qui compte et que nous devons nous unir en face de cette chose noire qui vient de s’installer dans notre maison. »
Tennessee Williams, La chatte sur un toit brûlant, 1955.

« Ah, vous autres, hommes faibles et merveilleux qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu ! Il faut qu’une main posée sur votre épaule, vous pousse vers la vie… Cette main tendre et légère… »
Tennessee Williams, La chatte sur un toit brûlant, 1955.

« La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n’est pas sa longueur, mais sa valeur. »
Sénèque

« L’amour est une ortie qu’il faut moissonner chaque instant si l’on veut faire la sieste étendu à son ombre. »
Pablo Picasso (1881-1973)

« Il y a deux chefs d’orchestre : ceux qui ont la partition dans la tête et ceux qui ont la tête dans la partition. »
Arturo Toscanini (1867-1957)


« Entre deux individus, l’harmonie n’est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir. »
Simone de Beauvoir, La force de l’âge, 1960.

« À mesure que j’avance en âge, je reviens à cette forme essentielle qu’est le quatrain. Le quatrain a ceci de spécial : c’est la forme la plus concentrée, mais il a un contenu très complexe. C’est un diamant qui irradie dans tous les sens. »
François Cheng, La GrandeTable, 2 mars 2018.

« La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent. »
Pau Casals (1876-1973)

« La musique, ce merveilleux langage universel, doit être une source de communication entre les hommes. »
Pau Casals (1876-1973)

« La musique que j'écoute après le dîner n'est pas un palliatif au silence, mais bien sa substantiation : écouter de la musique une heure ou deux, le seoir, ne me prive pas du silence — la musique, c'est le silence réalisé comme un rêve.
(…)
Pendant un instant, ce fut le vide. Le silence, le cercueil, la foule ivre d’émotion. Puis Lisa s’est levée, a monté les quelques  marches et, depuis le lutrin a annoncé : « Le dernier mouvement de la Troisième Symphonie de Mahler. » C’est tout. Ils ont fait sauter tous les verrous. Ils ont passé du Mahler.
Or il y a des fois où l’on ne peut pas écouter du Mahler. Quand il vous soulève, quand il vous secoue, il va jusqu’au bout. À la fin du mouvement, tout le monde pleurait.
Pour ma part, en tout cas, je crois que rien d’autre au monde n’aurait pu me déchirer autant, sauf d’entendre Steena Palsson dans sa version de The Man I Love, tel qu’elle l’avait interprété au pied du lit de Coleman, dans Sullivan Street, en 1948. »
Philip Roth, La tache, 2000.

« Ce sont les mots
qui sortent de ma bouche.
Je pourrais dire qu’il
s’agit d’un bruit nocturne
ma nuit est définitivement blanche
tandis que je suis dans la terreur
née de mes cauchemars adultes et de ce qu’ils montrent de moi-même, enfant
Grand’ pitié c’est ce que je vous demande
Grand’ pitié !
(…)
Avec ivresse profonde les mots m’ont accueilli.
Il ne suffisait pas seulement de prendre la parole.
Mais me tenir avec eux dans les marges du texte
fut désormais possible.
Possible également de montrer à tous
ce qui se cache dans la caverne du langage.
Voyez ô voyez ! Comme les mots tremblent
et geignent ! Orphelins qui dans le noir
cherchent une autre famille »
Franck Venaille, Requiem de guerre, 2017.


« Écrire, rêver, chercher, apprendre 
N'avoir que l'écriture et pour Maître et pour Dieu 
Tendre à la perfection à s'en crever les yeux
Choquer l'ordre établi pour imposer ses vues
Pourfendre

Choisir, saisir, comprendre
Remettre son travail cent fois sur le métier
Salir la toile vierge et pour mieux la souiller
Faire hurler, sans pudeur, tous ces espaces nus
Surprendre

Traverser les brouillards de l'imagination
Déguiser le réel de lambeaux d'abstraction
Désenchaîner le trait par mille variations
Tuant les habitudes
Changer, créer, détruire

Pour briser les structures à jamais révolues
Prendre le contre-pied de tout ce qu'on a lu
S'investir dans son œuvre à cœur et corps veux-tu

Écrire de peur, de sueur, d'angoisse
Et le doute planté comme un poignard au cœur
Rester cloué
Souffrant d'une étrange langueur
Qui s'estompe parfois mais qui refait bientôt surface

User de sa morale en jouant sur les mœurs
Et les idées du temps
Imposer sa vision des choses et des gens
Quitte à être pourtant maudit
Aller jusqu'au scandale

Capter de son sujet la moindre variation
Explorer sans relâche et la forme et le fond
Et puis l'œuvre achevée, tout remettre en question
Déchiré d'inquiétude

Souffrir, maudire
Réduire l'art à sa volonté et brûlant d'énergie
Donner aux sujets morts comme un semblant de vie
Et lâchant ses démons sur la page engourdie
Écrire, Écrire
Écrire comme on parle et on crie »
Charles Aznavour, Écrire.

« Je suis de tradition grecque, comme tous les philosophes ; mais on oublie trop souvent qu'il y a au moins deux traditions, celle de Platon et celle d’Aristote. J'ai longtemps été, en raison de mon intérêt pour les mathématiques, pleinement platonicien. Il m'a fallu un certain âge pour «découvrir» la pensée d'Aristote. Je suis maintenant devenu plutôt aristotélicien... Il suffit de lire les Allemands pour se rendre compte qu'ils sont eux-mêmes aristotéliciens, pour la bonne et simple raison qu'ils n'ont pas eu nos Lumières ni la Révolution française, qui a supprimé chez nous la tradition aristotélicienne pour ne garder que la tradition platonicienne. La tradition aristotélicienne étant associée au Moyen Âge, à la scolastique, au christianisme... d'une certaine manière, Heidegger c'est du Aristote... du Aristote traduit en allemand.»
Michel Serres, Une intensité de lumièreCahier Simone Weil, Éditions de l’Herne, 2014.

« Par une intime contradiction, cette obsession de la mort n’a cessé de s’imposer à mon esprit que lorsque les premiers symptômes de la maladie sont venus me distraire ; j’ai recommencé à m’intéresser à cette vie qui me quittait, dans les jardins de Sidon, j’ai passionnément souhaité jouir de mon corps quelques années de plus. »
Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951.

« Je peux vous prédire que d'ici trente ans, il y aura autant de lecteurs de vraie littérature qu'il y a aujourd'hui de lecteurs de poésie en latin. C'est triste, mais le nombre de personnes qui tirent de la lecture plaisir et stimulation intellectuelle ne cesse de diminuer. »
Philip Roth, Propos recueillis par Josyane Savigneau, Le Monde, Février 2013.