jeudi 24 mars 2016

Publier #3 Édition à compte d'éditeur

À ceux qui se poseraient la question : « Écrire pour soi, est-ce véritablement écrire ? » nous répondrons par l’affirmative. En effet, la finalité de l’écrivain hors motif économique est d’être lu afin de partager ses émotions, sa passion.  Même si rares sont ceux qui peuvent bien vivre de leur plume seule, il est possible d’y parvenir et pour ce faire, trois possibilités s’offrent à eux :

— Édition à compte d’éditeur
— Édition à compte d’auteur
— Autoédition

Aujourd’hui, nous aborderons le thème de l’édition à compte d’éditeur.

Si l’autoédition vous intéresse ou si vous la connaissez mal, consultez notre article du 17 juin 2015 :


Ceux qui s’interrogent sur l’édition à compte d’auteur peuvent consulter notre dernier éditorial  du 23 février dernier, la concernant :


Qu’est-ce ?

Le passage obligé pour tout auteur voulant se faire publier est le contrat d’édition.  La définition du contrat d’édition est donnée par le CPI (Code de la propriété intellectuelle), cadre législatif formalisant, en France, la protection des auteurs et des créations au sens large.

Article L.132-1
« contrat par lequel l’auteur d’une œuvre de l’esprit ou ses ayants droit cèdent, à des conditions déterminées, à une personne appelée éditeur le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en nombre des exemplaires de l’œuvre, à charge pour elle d’en assurer la publication et la diffusion »

À moins que le livre que vous venez d’écrire ne résulte d’une commande d’un éditeur, il faudra vous mettre en quête d’un éditeur que votre projet sera susceptible d’intéresser. Il est important à ce stade, pour l’auteur, de bien intégrer qu’il existe non pas un monde de l’édition, mais des mondes de l’édition. Si  celui-ci souhaite que ses écrits soient un jour publiés, il évitera bien des déconvenues en ayant conscience de cette réalité. En fonction de ce qu’il écrit, il ne s’adressera pas aux mêmes maisons d’édition et devra ouvrir la bonne porte.

Quelques conseils

1. Le premier objectif ne doit pas être de gagner de l’argent grâce à son talent.
La déception de l’auteur serait d’autant plus grande qu’il lui faudra s’investir en temps, connaître les risques encourus dans une telle recherche ainsi que les aléas du marché de l’édition.

2. Pour aboutir, il devra faire preuve d’opiniâtreté et d’audace. Preuve en est que l’on compare souvent la recherche d’un éditeur avec celle d’un emploi qui est certainement moins ardue. Les éditeurs sont unanimes pour dire qu’un auteur de talent trouvera une entreprise pour publier son livre à condition de s’octroyer le temps nécessaire pour y parvenir.

3. Il devra garder une certaine tranquillité d’esprit dans sa quête et ne pas accepter la première proposition qui lui sera faite sans envisager les autres à venir.

4. Le secteur de l’édition étant un secteur hétérogène, l’auteur devra se renseigner très précisément sur son genre littéraire afin de cibler au mieux les éditeurs potentiellement intéressés par ses écrits et ceci d’autant plus qu’ils sont très spécifiques.

Enfin choisi par un éditeur !

Conformément à l’article L.132-1 du CPI, votre éditeur vous propose un contrat d’édition. Il faut savoir que le contrat type d’édition idéal n’existe pas. Chaque maison d’édition dispose d’un contrat qui lui est propre, même si sur le fond, de nombreux points  se retrouvent dans tous les contrats.

Votre contrat d’édition doit couvrir au moins huit sections :

— Détail et étendue de la cession

— Remise du manuscrit et corrections
Détails pratiques, délais, formats, frais de correction…
La correction d’épreuves est une étape cruciale dans le processus éditorial puisqu’elle débouche sur l’ultime validation de l’auteur avant la fabrication du livre : le bon à tirer (b.à.t.).

Article L.132-11 du CPI
L’éditeur « ne peut, sans autorisation écrite de l’auteur, apporter à l’œuvre aucune modification ». Il doit aussi, « sauf convention contraire, faire figurer sur chacun des exemplaires le nom, le pseudonyme ou la marque de l’auteur ».

— Présentation du livre,  tirage, vente
Format et présentation des volumes fabriqués, indication du tirage minimum, date de mise en vente et prix public.

— Rémunération de l’auteur
Le terme « droits d’auteur » désigne la rémunération de l’auteur en contrepartie de la cession consentie à l’éditeur qui exploite les droits.
À-valoir (avance sur recettes effectuée par l’éditeur, avance qui auparavant restait définitivement acquise à l’auteur). Désormais la maison d’édition peut demander le remboursement de tout ou partie de l’avance, cet à-valoir pouvant être valable pour plusieurs livres afin de répartir les risques.
Taux des droits d’auteur (droit primaire et exploitations dérivées), exemplaires sans droits.

— Exploitation de l’œuvre
Délais de fabrication et de publication, éventuelles réimpressions, critère de « mévente », pilon…

— Reddition des comptes
Fréquence et dates de transmission des comptes d’exploitation à l’auteur.

Le CPI insiste sur le caractère impératif et rigoureux de la reddition des comptes dans son article L.132-13 :

« L’éditeur est tenu de rendre compte. L’auteur pourra, à défaut de modalités spéciales prévues au contrat, exiger au moins une fois l’an la production par l’éditeur d’un état mentionnant le nombre d’exemplaires en stock […] »

— Droit de préférence (facultatif)
Le pacte de fidélité baptisé « droit de préférence » est défini dans l’article L.132-4 du CPI, mais il n’est ni obligatoire ni toujours pertinent.
Le droit de préférence s’applique toujours à des genres déterminés (roman, autobiographie, essai, livre pratique…). Le CPI dispose que la priorité de l’éditeur est limitée « pour chaque genre à cinq ouvrages nouveaux à compter du jour de la signature du contrat d’édition conclu pour la première œuvre ou à la production de l’auteur réalisée dans un délai de cinq années à compter du même jour ».

— Règlement des différends

Après avoir abordé les différentes possibilités de se faire éditer en France, nous nous focaliserons prochainement sur certaines maisons d’autoédition ou d’édition à compte d’éditeur, les seules à nos yeux susceptibles de rendre service tant aux jeunes auteurs qu’aux auteurs chevronnés, mais en prenant toutes les précautions d’usage afin qu’ils ne soient pas victimes de contrats abusifs ou larvés.

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