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Diane Descôteaux nous offre un florilège de poésies d’antan dont
elle nous régale en sonnets, rondeaux et rondels. Ces termes pouvant paraître
étrangers à certains d’entre vous, expliquons-en les nuances afin que vous
puissiez les reconnaître et les savourer en feuilletant les pages de ce
délicieux recueil qui nous a tant enthousiasmé.
Rondeau
Poème de forme fixe de treize vers de longueur variable,
composé sur trois strophes dont les deux dernières reprennent le tout premier
hémistiche. Il trouve son apogée aux XVIe et XVIIe
siècles. Il a évolué au fil des siècles, rondeau simple codifié par Adam de la
Halle (1240-1287) et Guillaume de Machaut (1300-1377). Il donna naissance à
différentes formes, le rondinet, le rondeau et le rondeau redoublé dit aussi
rondeau parfait dont la forme fut codifiée par Clément Marot et dont Jean de La
Fontaine nous donna quelques exemples.
Rondel
Issu du rondeau, le rondel est un poème à forme fixe
construit sur deux rimes et comportant un refrain. Il est souvent composé de
treize vers octosyllabiques répartis en trois strophes. Le refrain du rondel
est formé de ses deux premiers vers que l’on retrouve à la fin de la deuxième
strophe puis de son premier vers que l’on retrouve à la fin de la troisième. On
peut trouver quelques variantes, le refrain final peut en effet se composer des
deux premiers vers, les strophes
comptant parfois un vers de plus ou de moins et certains rondels sont en vers
décasyllabiques. Certains rondels doubles sont formés de quatre quatrains.
D’origine française, très en vogue du XIVe au XVIe
siècle, il fut repris par quelques poètes en France ou en Europe vers la fin du
XIXe siècle, le plus célèbre d’entre eux fut « Le
Printemps » de Charles d’Orléans.
Sonnet
Forme de poème de quatorze vers dont la répartition
typographique peut varier, deux quatrains et deux tercets ou un seul sizain
final et dont le schéma des rimes varie soit librement soit en suivant des
dispositions régulières, la longueur du vers n’étant pas fixe en français.
Le sonnet est un genre qui a été pratiqué dans la majeure
partie de l’Europe tant dans les poésies syllabiques que rythmiques. Dans la
littérature française il fut utilisé par de nombreux poètes : Joachim Du
Bellay, Pierre de Ronsard, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, José-Maria de
Heredia…
La disposition des rimes de Pétrarque (deux quatrains en ABBA ABBA fixes, puis souvent deux
tercets CDE CDE, CDC DCD
ou CDE DCE) est
modifiée par Marot en ABBA ABBA CCD EED puis, en 1547 par Peletier
en ABBA ABBA CCD EDE. Le premier schéma est dit,
abusivement, « sonnet italien » ou sonnet de type
« marotique », le deuxième, « sonnet français » ou sonnet
de type Peletier. En 1552, dans Les
Amours, Ronsard adopte les deux dispositions françaises, ce qui a contribué
à imposer ces deux formes concurrentes.
À la fin de sa vie, alors qu’il avait pris beaucoup de liberté avec la
disposition des rimes, notamment dans les Sonnets
pour Hélène, Ronsard revient dans ses Derniers
Vers, sur les deux modèles français réguliers. Il a tout de même rajouté
une difficulté supplémentaire : l’alternance des rimes féminines et
masculines. Il emploie également massivement dans ses sonnets ce qui deviendra
le vers par excellence de la langue française : l’alexandrin. Sur la mort de Marie en est un flagrant
exemple.
Qu’en penser ?
Dans une préface magistrale et enflammée à l’image du
recueil, signée « Yolaine & Stephen », le lecteur est averti.
Diane Descôteaux nous offre un véritable hymne à l’Amour. Elle nous assène en
guise de flèches des sonnets et de la poésie médiévale que certains d’entre
nous ont à tort oubliée, en plein cœur. Assurément son prénom n’est pas usurpé,
quel bonheur !
Diane n’est-elle pas la fille de Zeus et de Léto, sœur
d’Apollon, née dans l’île de Délos ? Au cas où vous en douteriez, ses
poèmes sont là pour vous le rappeler. De rime en rime, de sonnet en sonnet
effleuré parfois par quelque rondel, elle nous parle d’idéal, d’amour courtois,
de Pénélope qui attend son Ulysse, de Don
Quichotte en quête d’Absolu.
Nous sommes happé par cette poésie aux sonorités d’autrefois
et tant aimée, nous plongeons avec elle au cœur de ses tourments, l’absence, le
souvenir, les amours secrètes, le temps qui inexorablement passe.
Cette plume exhale un parfum tant délicat que tenace de
sensualité d’où la métaphore n’est pas exclue, elle est son arme tantôt
révélatrice tantôt déclarative pour toucher le lecteur en plein cœur.
Diane Descôteaux ne se contente pas d’utiliser une forme de
poésie ancienne pour conjuguer l’amour à notre époque, elle s’autorise une
évasion dans le XIXe siècle empruntant des accents lyriques avant de
nous propulser vers le moyen-âge. Ses mots, rimes, et musicalité s’unissent
pour une exploration des temps où la mythologie est son invitée. Nous ne nous
en plaindrons pas.
Heureux Serge Fortin à qui la plupart des poèmes sont dédiés,
Jean Fortin n’étant pas en reste, que n’avons-nous, pauvre lecteur, une déesse
pour nous chanter l’amour, la cithare au bout des doigts ? N’entendez-vous pas
s’élever de ces pages quelques notes cristallines issues de la musique grecque
antique que nous croyions disparue depuis quelques siècles déjà ?
Notons que l’illustration est de Robert Roy et l’infographie
de Pascal Traversy.
Le recueil De cœur et
de chair est assurément un cadeau à offrir ou à s’offrir. Il plaira à tous les amoureux de la poésie qu’elle soit
contemporaine ou pas. Nous restons convaincu que quelques plumes à la lecture
de ces vers finement ciselés se réveilleront. Il vous donnera certainement
envie de découvrir ou redécouvrir nombre de nos poètes classiques qui dorment
sur les rayonnages de vos bibliothèques.
Çà et là
“
ANGE OU DÉMON
Cher enfant de
l’automne, ô prince des ténèbres,
Un seul de vos regards
me glace les vertèbres!
Qu’êtes vous: l’ange ou
le démon?
Peu m’importe duquel il
se fait mandataire,
Je veux suivre les pas
de ce loup solitaire
Dans l’Éden ou
l’Armageddon.
Je me brûle à l’éclat
de vos beaux yeux d’ébène!
Sont-ce les feux du
ciel ou ceux de la géhenne
Qui leur donnent cette
splendeur?
Or quel noir océan
mouille votre encolure
Et quel fleuve libère,
en votre chevelure,
Ces flots houleux
chargés d’odeur?
Vous êtes, de mon sang,
la principale artère,
La source qui m’abreuve
et qui me désaltère,
Le fruit dedans lequel
je mords
Et, qu’il soit bien ou
mal que de pâlir d’envie
D’être vôtre et
d’offrir un fragment de sa vie,
Je vous aime ainsi sans
remords…
Dédié à Jean Fortin
———
NOS AMOURS CONJUGUÉES
Voguant sur l’eau du
ciel, pareil à des vaisseaux,
Les nuages, fardés
d’écarlate à la brune,
Hissent leurs pavillons
et leurs voilures prune
Qui s’enflent sous la
brise aux frémissants naseaux.
Les vertes frondaisons
se joignent en arceaux
Au-dessus de nos pas
qu’éclaire un rai de lune;
Puis ton ombre et la
mienne ensemble n’en font qu’une,
N’opposant qu’une
entrave aux lumineux faisceaux.
La nature et la nuit
semblent s’être liguées
Afin de découvrir nos
amours conjuguées,
Pleines de fantaisie à
la faveur du soir.
Je ne puis leur cacher
la flamme qui demeure
Éternelle et brûlante
au creux de l’encensoir
D’un cœur qui t’appartient
jusqu’à ce que je meure…
Dédié à Serge Fortin
”
Mentions légales
Dépôt légal — 4e trimestre 2006
ISBN 2-9802156-5-1
Éditions Touladi
Réédition 2014
Comment se procurer le
livre ?
De cœur et de chair
est exclusivement disponible sur le site de Diane Descôteaux. En cliquant sur
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d’autres extraits vous seront proposés :