lundi 21 décembre 2015

Sur l’autre rive — Lise Robert




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Une première de couverture sobre et attrayante, un titre sans bavardages inutiles, une peinture de l’auteur en guise d’image laissant libre  cours à l’imaginaire de chacun, le message est clair et le futur lecteur déjà conquis.

Le fleuve en crue symbole de vie s’est retiré laissant place à ce qui reste de nos vécus antérieurs. Éclaboussés par la peinture de Lise Robert nous percevons un accident de parcours renforcé par une symbolique des couleurs, signature de l’auteur que nous retrouverons dans deux autres peintures au cœur de ce recueil. D’autres pourront plus simplement y voir la rive d’un fleuve, boueuse comme si l’eau venait de se retirer, nous offrant un mélange de matières et de couleurs, couverture porteuse de l’humidité de  la rive et donc du flux et reflux de nos vies.

Ce recueil est une ode à la poésie brève qu’elle soit originaire d’Orient comme d’Occident, distiques, haiku et tercets se côtoient  pour donner un rythme à ce livre tels les flots du fleuve de la vie de l’auteur où crues et décrues alternent dans un réalisme étonnant.

Qu’en penser ?

La citation de Confucius mise en exergue en début de recueil nous l’annonce personnel et frôlant de-ci de-là le récit autobiographique où se mêlent fiction et réalité. Il semble fait de pensées couchées sur le papier à ses moments perdus.

Nous découvrons une introduction faisant office de préface où elle nous livre sa définition de la poésie où chaque mot est choisi avec soin et donne le tempo aux suivants tout en dévoilant partie de son âme. Le lecteur est transpercé par le mot oser au point qu’il aurait voulu le lire en caractères gras tant il synthétise le modus vivendi de Lise Robert, il est une ouverture à la vie, au bonheur.

Dans la page intitulée Recueil de poèmes brefs et de haïku, Lise Robert nous offre sa vision personnelle de cette poésie venue d’ailleurs qui même si elle ne reflète pas notre perception personnelle plus dans sa ligne classique, ne la contredit pas totalement. Nul doute, cette page est inutile car le lecteur est à même d’apprécier la poésie  qui nous est offerte car c’est de poésie brève qu’il s’agit et finalement son origine nous importe peu.

Recueil après recueil, l’auteur nous livre sa vision intimiste du monde qui l’entoure, sa sensibilité délicate s’allie à la brièveté de ses propos pour ne nous offrir que l’essentiel et toucher sa cible en plein cœur. À peine la mort est-elle effleurée que la vie surgit quelques pages plus loin nous montrant la dualité de notre monde.

Lise Robert qui se dit paradoxale nous offre poème après poème une terre de contraste et d’opposition, la métaphore effleure le réalisme, la dureté de la vie  pourfend ses joies faites de presque riens, mais chaque poème rime avec sensibilité et  sincérité, joie ou bonheur au détour du chemin.

Après le délicat passage de l’ombre à la lumière  le recueil s’achève sur une touchante note familiale.
La plume de remerciements sobre, respectueuse, touchant à la perfection avec délicatesse rend le lecteur heureux, celui-ci sort grandi de ce recueil à l’image de son auteur.

Oser, il fallait oser se mettre à nu de la sorte. La manière est belle, le résultat à la mesure de l’objectif à atteindre. Ce recueil se veut une interrogation sur le bilan d’une vie et même si l’irruption de la maladie a affecté l’humeur de l’auteur,  sa perception de la vie renforcée par la présence des enfants et l’amour, est empreinte d’une pudeur qui nous émeut.

N’hésitons pas à lire et relire cette poésie venue d’outremer, d’un continent qui nous séduit tant.

L’œuvre de l’auteur jusqu’ici n’était faite que de poésie collective ou écrite à quatre mains. Nous découvrons une œuvre personnelle dont la qualité n’est pas à démontrer, espérons que Lise Robert ne s’arrêtera pas en si bon chemin.


Çà et là

Me rendre unique
Encore un prétexte pour laisser ma trace

La situation est bloquée. J’ai déjà pleuré pour toujours.
Déterminée à vieillir.

des frissons
depuis l’événement
le train siffle

De l’ombre à la lumière.
Meubler différemment mes plages horaires.

j’aime entendre
mon fils dire à Félix
« viens voir papa »

Œuvre caritative


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Avec toute la discrétion que nous lui connaissons, l’auteur a glissé à l’intérieur du recueil un marque-page représentant la première de couverture avec pour simple indication en bas de celui-ci :

Merci !
Les profits recueillis seront remis à la Société canadienne du cancer.

Nous lui exprimons notre respect et notre admiration, la noblesse de cette cause valant d’être soulignée.

3 commentaires:

  1. Bonjour, ce recueil "Sur l'autre rive" est un petit bijou. Effectivement l'auteure ose se mettre à nue tout en pudeur et en précision, parfois de façon percutante et nette. Chaque page est visuelle, renforcée par les peintures qui paraissent comme en relief. J'ai été touchée profondément. Merci pour ce partage.

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    1. Merci pour ton commentaire, Marie-Laure. Oui, un petit bijou, c'est le mot qui convient. Nos avis concordent une fois de plus, j'en suis ravie.

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  2. Bonjour Marie-Laure,

    Merci pour vos bons mots.
    Je suis émue...

    au plaisir,
    Lise

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