jeudi 17 décembre 2015

Le journal de mon père (父の暦, Chichi no koyomi) — Jirô Taniguchi




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Un plancher baigné par la lumière du soleil, l’enfant joue à même le sol du salon de coiffure, première réminiscence de l’enfance, de nombreuses autres suivront. Yoichi, designer à Tokyo apprend la mort de son père qu’il n’a pas revu depuis plus de dix ans.

« Le Journal de mon père » n’est pas un récit autobiographique, mais Jirô Taniguchi s’est inspiré de sa ville natale, Totorri où il revint après quinze ans d’absence pour écrire ce manga.

Lors de la veillée funèbre, les discussions avec sa sœur, son oncle et les membres de sa famille lui permettent de se souvenir  de son père et de la rupture de celui-ci avec sa mère qu’il n’a pas vue depuis encore bien plus longtemps.

Yoichi a grandi  sur les fondations d’une famille ébranlée par un terrible secret qui le conduira à fuir celle-ci pour se reconstruire et oublier. Tel un boomerang ce passé qu’il a voulu enfouir au plus profond de lui-même lui revient. Revoir Totorri et les siens agit comme un révélateur, surgissent alors le passé de ses parents, les séparations, les drames de son enfance, sa vie…

Le talent de Taniguchi transcrit à merveille le sentiment de ses personnages, la complexité de leurs émotions et de leur personnalité.

Au travers de ce superbe roman graphique l’auteur nous livre des dialogues réalistes et authentiques dévoilant une sensibilité pertinente. La finesse du trait qui le caractérise est notamment perceptible dans la représentation des paysages, nous offrant un spectacle grandiose.

Dans cette œuvre nostalgique et pudique, Taniguchi nous prouve que la perception que l’on a de ses parents se modifie avec l’âge et nous permet une fois devenus adultes de mieux comprendre leurs actions et leurs décisions que nous ne comprenions pas autrefois.

Il nous offre une ode à la famille, la prise de conscience d’un homme et sa douleur alors qu’il ne fait la connaissance réelle de son père qu’après sa mort.

Ce manga plus « gekika » que « seinen » est émouvant au point de faire fondre en larmes le lecteur.
Notons que comme dans ses autres ouvrages le grand mangaka nous offre par le biais de son talent épuré la vie quotidienne, les coutumes et les modes vestimentaires de ce Japon des années 50.

« Le journal de mon père » est une œuvre magnifique que je conseille toujours pour aborder le manga, le lire vous conduira à découvrir l’œuvre immense de Jirô Taniguchi.
Lecteur, comme moi, tu seras envoûté et cette porte ouverte sur le manga te fera découvrir son monde et son lien entre son art et la poésie japonaise ancestrale comme contemporaine te semblera évident.


Çà et là






Sur le rabat de couverture nous pouvons lire  ces mots de Jirô Taniguchi :
Je n’aurai jamais cru que l’ambiance agréable de ma ville natale puisse m’apporter tant de calme… Avec les années, on connaît le bonheur d’avoir des racines.

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